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CAFÉ JOYEUX : POUR CHANGER LE REGARD SUR LE HANDICAP !

Yann Bucaille est un entrepreneur au service des autres. Pudique, il ne dévoilera jamais les raisons de son engagement pour des causes humanitaires et caritatives. L’essentiel est ailleurs dans les causes qu’il défend. C’est encore vrai pour son Café Joyeux où des handicapés mentaux auront la joie de travailler. Rencontre avec un chef d’entreprise, à l’occasion de la Journée nationale de la trisomie 21.

Dans cette ancienne maroquinerie de la rue Vasselot, transformée en un coffee shop, Yann Bucaille jette un dernier regard. Il range une chaise, il époussette un fauteuil. On sent chez lui, non pas une certaine fierté – il a passé l’âge – mais bel et bien un soulagement. Son café Joyeux est enfin ouvert. «C’est un projet entrepreneurial et humain dont l’objectif est de proposer du travail à des personnes souffrant d’un handicap mental.»

En quelques mots, Yann Bucaille a dit l’essentiel. «Nous avons formé une équipe de huit serveurs « joyeux », encadrés par un professionnel de la restauration (Olivier Poizat) et des éducateurs spécialisés »,confie-t-il. Ces hommes et femmes serviront des boissons chaudes, des pâtisseries, des viennoiseries, des tartes salées et des sandwiches. «Ils seront au cœur de la ville », ajoute Yann Bucaille. «Ils seront confrontés au regard des gens comme vous et moi. Mais en aucune manière ce ne sont nos serveurs qui doivent changer, c’est notre regard qui doit changer. C’est tout l’objectif de notre projet.»

                                                    Envie de faire plus

Travaillant à des heures fixes, en fonction de leur handicap, les cuisiniers et les serveurs « joyeux » tenteront d’être meilleurs que les autres. Ils le seront tout autant. «On les a formés », assure Yann Bucaille. «Mais ils font autrement. Ils font à leur manière et beaucoup mieux. Ils travaillent sans filtre.» Ils travaillent et, somme toute, là est l’essentiel. «Un jour, j’ai embarqué un jeune autiste en mer à bord d’un bateau. Il s’appelait Théo. Il m’a remercié, puis il m’a demandé : tu es patron, as-tu un boulot pour moi ? J’aimerais être utile, j’aimerais travailler.»

Faute de travail pour Théo, Yann Bucaille s’est juré de ne plus rester les bras ballants. «J’ai eu envie de faire plus », assure-t-il. Il a trouvé les ressources privées, il a trouvé la force dans le regard de ses serveurs. «J’ai simplement la chance de pouvoir mener ce projet et la chance que tout aille bien pour moi », mesure-t-il. Il veut surtout que ses clients aient beaucoup plus qu’un café ! «C’est tellement enrichissant d’être au contact de personnes qui ont une forme de fragilité et de différence.» Café Joyeux, 14 rue Vasselot, 35 000 Rennes. Ouvert de 9 h à 18 h.

Un deuxième café à Paris ! Fort de son succès rennais, un deuxième café Joyeux a ouvert ses portes à Paris, le mercredi 21 mars.

Phrase du jour : « dans un monde de l’entreprise où l’on montre parfois ses muscles, j’ai envie de présenter avec notre Café Joyeux un autre regard sur la performance », confie Yann Bucaille.

Les profits pour la fondation Émeraude solidaire : Yann Bucaille ne gagnera pas un sou. L’argent glané par le Café Joyeux permettra de payer les salaires de ses serveurs et cuisiniers. Les dividendes seront reversés à la Fondation Emeraude Solidaire dont le but est de soutenir une cinquantaine d’actions caritatives. La fondation emmène notamment en mer des personnes en difficulté, enfants et adultes, susceptibles de vivre une forme de souffrance physique ou de mal-être (Emeraude Voile Solidaire).

 

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