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OUEST-FRANCE VEUT « MUTUALISER » !

La presse se porte mal ! Tout le monde le sait. Les revenus publicitaires et les ventes baissent. Malgré les subventions et les aides de l’état, il n’est pas toujours facile de faire face. Pour maintenir au mieux ses activités, le groupe Ouest-France a présenté un « projet de synergies » entre les rédactions de Ouest-France, du Courrier de l’Ouest, du Maine Libre et de Presse Océan. « Ce projet s’inscrit dans la stratégie à dix ans du Groupe qui affiche la volonté d’avancer vers la mise en commun de moyens, de compétences et de contenus afin de conforter le développement et le modèle économique de notre entreprise », explique Ouest-France dans un communiqué. 

Derrière ce discours volontairement sibyllin, Ouest-France envisage plusieurs évolutions possibles. « En Maine-et-Loire, Sarthe et Loire-Atlantique, le Groupe SIPA Ouest-France projette de mutualiser les contenus liés aux informations locales et départementales. Selon cette approche, une partie des articles élaborés par Le Courrier de l’Ouest en Maine- et- Loire ou Le Maine Libre en Sarthe serait reprise par Ouest- France », confie l’entreprise.  En Loire Atlantique, la situation serait inverse. « Les contenus locaux et départementaux élaborés par Ouest-France deviendraient disponibles pour Presse Océan. »

En Finistère, Ouest-France réduirait ses moyens rédactionnels en adaptant la pagination de ses éditions tout en dynamisant son projet numérique.  » Au total, près de soixante-dix postes seraient supprimés sans licenciement, sur l’ensemble du Groupe, les personnes concernées étant redéployées au bénéfice des nouvelles ambitions éditoriales », confie le Groupe Ouest-France. En contrepartie de ces mesures, Ouest-France renforcerait des effectifs dans vingt-sept rédactions locales de Bretagne, Pays-de-la-Loire et Normandie, dans sa rédaction parisienne. Il ouvrirait un bureau à Bruxelles, renforcerait le pôle d’informations générales pour développer l’investigation. Et créerait des postes d’animateurs de communauté (social media manager et Community manager). 

« Dans le domaine de l’information numérique, ajoute le Groupe, Le Courrier de L’Ouest, le Maine Libre et Presse Océan deviendraient avec Ouest-France contributeurs de contenus de l’écosystème numérique du Groupe. La politique d’information en temps réel (web first) serait ainsi généralisée à tous les titres. Grâce aux efforts et aux compétences de chacun, le Groupe ambitionne de développer la richesse des informations proposées à ses lecteurs et d’offrir plus de puissance à ses annonceurs. Concrètement, il projette d’atteindre, à l’horizon 2020, 5 millions de lecteurs par jour et plus de 500 millions de pages vues par mois dans son écosystème numérique. »

Ce projet a suscité de vives réactions dans les équipes concernées par cette restructuration. Elles sont venues manifester directement leur mécontentement hier devant le siège régional du groupe. « Cette politique du « web first » ne passe pas », expliquait un journaliste. « On est bien loin de la volonté première du groupe de préserver toutes ses publications. On risque de privilégie au contraire une information numérique « fast-food et uniformisée » au détriment de l’information de proximité et de qualité ! Ce serait contraire à nos valeurs humanistes et citoyennes. La diversité de nos journaux et de nos plumes permettent au contraire d’afficher une information plurielle au sein de notre groupe, tout autant nécessaire au développement numérique. On devrait plutôt s’interroger sur les hauts salaires de certains de nos cadres…et sur leur nombre. » Entre rentabilité financière et préservation de l’emploi, entre valeurs humanistes et chrétiennes et nouvelle ambition éditoriale, le groupe Ouest-France se trouve visiblement à la croisée des chemins.

 

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